La SNCF lance un TGV Lyon-Bordeaux via l'Ile-de-France, le Massif central se rebiffe
La SNCF a annoncé jeudi le lancement d'une liaison TGV Ouigo Lyon-Bordeaux via l'Ile-de-France, afin de "répondre à une demande", au grand dam des voyageurs du Massif Central qui s'estiment déjà mal traités par l'entreprise ferroviaire.
"Nous ouvrirons une liaison Lyon-Bordeaux au plus tard mi-2027 avec des arrêts prévus à Massy en Ile-de-France, Saint-Pierre des Corps près de Tours, Poitiers et Angoulême", a déclaré à la presse Jérôme Laffon, directeur Ouigo au sein de SNCF Voyageurs, lors de la présentation à la presse des nouvelles offres Ouigo.
"D'ici 2030, nous allons avoir 30% de rames en plus, 30% de places de plus et 30% de voyageurs en plus sur le réseau Ouigo" a ajouté Alain Krakovitch, directeur des trains TGV et Intercités au sein de SNCF Voyageurs.
Pour y parvenir, Ouigo va recycler et rénover les rames de TGV qui vont être sorties de la flotte Inoui et remplacées par des rames neuves. Ouigo devrait ainsi pouvoir compter sur 50 rames contre 38 actuellement.
Ce qui permettra d'autres nouveautés sur le réseau Ouigo en 2026: une liaison quotidienne va être lancée entre Paris et Hendaye, via Bordeaux, Dax, Bayonne, et Biarritz à partir du 14 décembre. Paris-Rennes s'étoffera d'un troisième aller-retour à grande vitesse ainsi que Paris-Montpellier via Lyon-Saint-Exupery.
Un million de voyageurs
Le lancement du Lyon-Bordeaux, qui évite le tracé en ligne droite via le Massif Central, est difficilement accepté par les élus et voyageurs de cette région.
"Ce que nous voulons, c'est l'installation d'un train Intercités (non TGV) qui passe par les voies existantes entre Lyon et Bordeaux, et permettrait d'irriguer beaucoup d'autres villes" délaissées du Massif Central, a déclaré jeudi à l'AFP Marc Goutteroze, président du collectif Aurail qui regroupe une vingtaine d'associations de défense du ferroviaire de la région Auvergne-Rhône-Alpes, "du lac Léman à la Corrèze".
"Poitiers, Tours et Angoulême dans le centre ouest du pays, bénéficieront de la nouvelle ligne" Lyon-Bordeaux, note-t-il, mais "la diagonale du vide" reste vide, regrette-t-il.
"Il n'y a même plus de liaison régulière entre Clermont-Ferrand et Saint-Etienne, et aucune desserte non plus entre Saint-Etienne et Limoges", critique M. Goutteroze.
Le maire de Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi, a estimé jeudi soir que le "déclassement" de l'Auvergne "n'est plus tolérable" et demandé que l'Etat "joue à nouveau son rôle de planificateur".
La SNCF vise un million de voyageurs sur le TGV Lyon-Bordeaux à terme, en prenant des passagers aussi bien à l'aérien qu'aux bus ou aux voitures, avec "un billet sur deux à moins de 30 euros", a dit M. Laffon.
Le PDG de la SNCF Jean Castex soutient le projet. "Il faut le faire parce que cela répond à une demande", a-t-il expliqué à l'AFP en début de semaine, en marge d'un déplacement à Sète (Hérault).
"Tiers-monde ferroviaire"
"Et en même temps, il faut aussi améliorer la desserte" ferroviaire "du Massif central" a-t-il ajouté, reconnaissant les problèmes récurrents de pannes de locomotives hors d'âge et de retards géants dont souffre la liaison Paris-Clermont depuis des années.
"Pour moi la priorité, c'est le Paris-Clermont, je me rendrai sur place bientôt", a promis l'ancien Premier ministre.
La mauvaise desserte ferroviaire du centre de la France a été dénoncée par le PDG du groupe Michelin dont le siège est à Clermont-Ferrand, Florent Menegaux: il s'en est ému début 2025 devant une commission du Sénat en estimant que la ville fait partir du "tiers-monde en matière ferroviaire".
"C'est un vrai handicap d'être obligé de prendre la voiture (...) quand le train est aléatoire dans ses horaires", a-t-il ajouté le 9 novembre sur France 3.
Pour recréer une liaison transversale Lyon-Bordeaux sous forme d'un train dit "d'équilibre du territoire" (TET ou Intercités), "il faut poser la question à l'autorité organisatrice qui est l'État", a pointé Jean Castex, lors de son bref entretien avec l'AFP. "Si l'État dit +faites-le+, nous le faisons tout de suite", a-t-il poursuivi.
Un train Intercités Lyon-Bordeaux passant par l'Auvergne et le Limousin a existé jusqu'en 2014, avant d'être abandonné pour raisons financières. En 2019, une coopérative ferroviaire avait lancé un projet, mais a dû y renoncer.
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