Votre navigateur (${ userBrowser.name + ' ' + userBrowser.version }) est obsolète. Pour améliorer la sécurité et la navigation sur notre site, prenez le temps de mettre à jour votre navigateur.      

Un partenariat entre une entreprise d'IA et le gouvernement sous le feu des critiques

| AFP | 225 | Aucun vote sur cette news
Le ministre délégué de la Fonction publique, David Amiel, le 4 novembre 2025 à Paris.
Le ministre délégué de la Fonction publique, David Amiel, le 4 novembre 2025 à Paris. ( Thibaud MORITZ / AFP/Archives )

Un accord entre le gouvernement et Doctrine, une entreprise française de l'IA dans le secteur juridique, qui va équiper des agents de l'Etat, fait grincer des dents un secteur qui pointe une récente condamnation pour concurrence déloyale de cette entreprise détenue par un fonds américain.

La lettre d'engagement signée mardi par le ministre délégué de la Fonction publique, David Amiel, et le président de Doctrine, Guillaume Carrère, n'est pas passée inaperçue dans le monde de l'édition juridique.

D'après cet accord, l'entreprise qui collabore avec le ministère de l'Intérieur et revendique plusieurs centaines d'entités publiques partenaires va fournir aux juristes de l'Etat des outils d'intelligence artificielle pour "simplifier" certaines missions, selon un communiqué du ministère de la Fonction publique et de Doctrine.

Les agents bénéficieront de formations dédiées à ces "solutions" technologiques. Toutefois, le coût total de l'opération n'est pas défini, le nombre d'agents équipés n'est pas connu, et les outils mis à disposition n'ont pas été détaillés.

En outre, l'assurance du ministère que l'accord n'est "pas exclusif" et l'invitation lancée aux entreprises du secteur à formuler des offres sont loin de rassurer.

"Je suis tombé de ma chaise", lâche Denis Berthault, directeur du développement des contenus chez Lexisnexis, joint par l'AFP, tandis que Fabien Girard, président du directoire de Lexibase, y voit "le résultat logique d'un lobbying permanent de cette entreprise auprès des pouvoirs publics".

Surtout, ils pointent la récente condamnation de la société qui détient Doctrine.fr pour "concurrence déloyale"

Données publiques

En mai, cinq grands éditeurs juridiques, dont Dalloz, Lexisnexis, et Lexibase, l'avaient emporté en appel, et la justice avait conclu à "des présomptions graves, précises et concordantes" selon lesquelles Forseti, la société exploitante de Doctrine.fr, s'est "procuré des centaines de milliers de décisions de justice des tribunaux administratifs", et "des centaines de milliers de décisions auprès des tribunaux judiciaires de première instance de manière illicite".

Doctrine s'est ainsi ménagé un "avantage concurrentiel indu" selon la justice, qui a toutefois écarté d'autres accusations des concurrents de l'entreprise, notamment d'avoir indexé à tort certains de leurs contenus.

Avec ce partenariat, "on disculpe médiatiquement un acteur qui continue à diffuser des données volées, et on le recommande aux fonctionnaires de l'Etat", estime Denis Berthault, regrettant que la justice n'ait pas demandé à l'entreprise de supprimer ces données, un point que souligne Doctrine auprès de l'AFP.

Le "contentieux commercial fait partie de la vie des entreprises à succès", "et nous comprenons que la croissance de Doctrine puisse susciter de l'inconfort", a réagi l'entreprise auprès de l'AFP.

"La procédure judiciaire a été clôturée", répond de son côté le ministère de la Fonction publique, assurant que le "respect strict des règles de la commande publique s'appliquera à toute mise en oeuvre future".

Mais pour Fabien Girard, le partenariat est de mauvais augure pour de futurs appels d'offres. "Vous imaginez la puissance du postulant (Doctrine, NDLR) étant donné qu'il a une lettre d'intention?", interroge-t-il.

L'entreprise pourrait bénéficier "d'informations privilégiées" à la faveur de ce partenariat, mais "tout contrat qui fait plus de 100.000 euros doit passer par un appel d'offres" pour être conforme à la loi, assure une source interne chez Lefebvre-Dalloz, sous couvert de l'anonymat.

Pavillon américain

Elle estime "choquant qu'on fasse confiance à une entreprise dont la majorité de l'actionnariat est détenue par un fonds américain quand on prône la souveraineté", et évoque des "risques de ventes à d'autres fonds" étrangers.

Créé en 2016, Doctrine.fr a connu une forte croissance et a levé 10 millions d'euros en juin 2018 auprès du fonds Otium Venture et de Xavier Niel, le patron d'Iliad, maison mère de Free.
Créé en 2016, Doctrine.fr a connu une forte croissance et a levé 10 millions d'euros en juin 2018 auprès du fonds Otium Venture et de Xavier Niel, le patron d'Iliad, maison mère de Free. ( Ludovic MARIN / AFP/Archives )

Créé en 2016, Doctrine.fr a connu une forte croissance et a levé 10 millions d'euros en juin 2018 auprès du fonds Otium Venture et de Xavier Niel, le patron d'Iliad, maison mère de Free.

En 2023, Forseti, la société exploitante de Doctrine.fr, a annoncé être passé sous le contrôle du fonds d'investissement américain Summit Partners, basé à Boston, qui revendique 45 milliards de dollars d'actifs sous gestion dans le monde.

Il déclare être présent au capital de "550 entreprises", notamment dans les domaines de la technologie et de la santé, et compte parmi les plus connues l'américain Uber et le français Veepee (ex Ventes privées.com).

"Summit Partners est un fonds américain, mais c'est la partie européenne qui a investi dans Doctrine" qui "n'est aucunement soumise au droit américain", indique l'entreprise.

 ■

Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.

Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.

Votez pour cet article
0 avis
Note moyenne : 0
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
SUR LE MÊME SUJET
Publié le 26/11/2025

Le ministre délégué de la Fonction publique, David Amiel, le 4 novembre 2025 à Paris. ( Thibaud MORITZ / AFP/Archives )Un accord entre le gouvernement et Doctrine, une entreprise française de…

Publié le 26/11/2025

Un moteur Leap lors de l'inauguration par le groupe français Safran, à Hyderabad en Inde, d'un centre de maintenace dédié, le 26 novembre 2025 ( NOAH SEELAM / AFP )Safran a inauguré mercredi…

À LIRE AUSSI SUR BOURSE DIRECT
Publié le 27/11/2025

Si la séance est creuse en l'absence des marchés américains fermés pour "Thanksgiving", on arbitre positivement les publications de Rémy Cointreau et de Trigano. L'intérêt demeure modeste et le…

Publié le 27/11/2025

Le CAC40 cash a clôturé la séance en hausse de 0,88% à 8096,43 points dans un volume moyen de 3,116 MD€.

Publié le 27/11/2025

Votre rendez-vous quotidien avec les petites et moyennes capitalisations ! Chaque jour, retrouvez l’analyse d’Eric Lewin sur les valeurs Small & Mid Caps du moment qui font l’actualité.

Publié le 27/11/2025

Genfit, société biopharmaceutique engagée dans l’amélioration de la vie des patients atteints de maladies rares du foie pouvant engager le pronostic vital, annonce la nomination du Dr. Pejvack…

Publié le 27/11/2025

Avec la fermeture de Wall Street ce jeudi en raison de Thanksgiving, les marchés européens ont clôturé proches de l'équilibre, dans un contexte d’anticipations de baisse des taux aux Etats-Unis…