"Le crime parfait attendra": 30 ans de réclusion requis contre Cédric Jubillar

Les avocats généraux du procès de Cédric Jubillar ont requis mercredi 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son épouse Delphine, après avoir tous deux conclu à sa culpabilité, l'un retraçant le cheminement de l'enquête, l'autre partant de l'hypothèse de l'innocence de l'accusé pour en démontrer l'incohérence.
"Le crime parfait attendra, le crime parfait, ce n'est pas le crime sans cadavre mais celui pour lequel on n'est pas condamné, et vous allez être condamné M. Jubillar", a lancé l'avocat général Pierre Aurignac à l'accusé, resté sans réaction, au terme de quatre heures de réquisitoire des deux représentants du ministère public devant la cour d'assises du Tarn.
M. Aurignac a également indiqué qu'il allait requérir le retrait de l'autorité parentale au peintre-plaquiste de 38 ans, lors de l'audience civile à venir.
Critiquant une défense "tombée dans les travers" qu'elle dénonçait, à savoir un "battage médiatique féroce", tout comme son obsession d'un "complot" contre leur client, l'avocat général a affirmé vouloir suivre leur logique en prenant pour hypothèse de départ l'innocence de Cédric Jubillar, qui nie avoir tué sa femme.
Mais, au terme d'un long développement reprenant une nouvelle fois tous les éléments du dossier, M. Aurignac a conclu: "Pour défendre l'idée de l'innocence de M. Jubillar, il faut écarter quatre experts, faire taire 19 témoins et tuer le chien pisteur" qui a permis d'établir que l'infirmière de 33 ans n'a pas quitté son domicile vivante, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
"On a beau prendre ce dossier par tous les bouts, on arrive au même résultat: la culpabilité", a-t-il martelé.
"Abandon et violence"
Le chef du pôle des affaires criminelles du parquet général de Toulouse n'a pas nié les souffrances du parcours de l'accusé, son enfance chaotique, "son passé d'abandon et de violence", mais il a aussi décrit ce type "imbuvable, arrogant et vulgaire", qui "fanfaronne" sur son crime auprès de ses codétenus et de ses nouvelles compagnes.
D'un côté, Cédric, de l'autre, Jubillar, les deux faces de cette personnalité se livrant depuis quatre ans et demi à un "gigantesque combat pour maintenir une stabilité psychique" face au crime commis.

"Beaucoup attendaient des réponses à ce procès, les attentes seront déçues. Il ne rendra jamais le corps de Delphine, elle est à lui pour l'éternité", a déploré M. Aurignac, avant de requérir la peine.
"Il est coupable", avait auparavant martelé Nicolas Ruff, l'autre avocat général du dossier. "Je prononce ces mots qui accusent, en en assumant pleinement les conséquences et en espérant vous convaincre de condamner Cédric Jubillar."
"Aucun doute"
"Au bout du chemin, je n'ai aucun doute sur le fait que Delphine Aussaguel est morte" le soir du 15 décembre 2020, "je n'ai aucun doute sur le fait que c'est Cédric Jubillar qui l'a tuée", a-t-il affirmé.
M. Ruff a appelé les jurés à ne pas rendre une "justice des on-dit", une "justice des certitudes fainéantes", dans un dossier qui a connu "le pire de ce que peut être la médiatisation", son collègue Pierre Aurignac y ayant d'ailleurs vu des similitudes avec les dérives journalistiques d'un autre dossier historique, celui du petit Grégory.
Reprenant le leitmotiv qui a guidé la défense, à savoir celui d'un "dossier vide", il a égrené les principaux éléments de l'enquête, les précédant de la formule: "Dire que ce dossier est vide, c'est ne pas voir" les lunettes brisées de la disparue, les cris d'effroi entendus par les voisines, le témoignage de son fils Louis, le téléphone éteint de l'accusé, la voiture garée dans un sens démontrant qu'elle a été utilisée dans la nuit.

Laurent de Caunes, l'un des avocats des frères et soeur de Delphine, a salué devant la presse "deux réquisitoires complémentaires et redoutables" où "rien n'a été laissé de côté".
"L'exposé a été fait d'un dossier qui contient énormément d'éléments à charge, contrairement à ce qui a été dit urbi et orbi dans la préparation médiatique de cette instance criminelle", a-t-il poursuivi.
"Trente ans, c'est adapté par rapport à la gravité des faits. On a une disparue, un corps qui n'a pas été retrouvé, et un accusé qui ne se remet pas en question", a estimé auprès de l'AFP Me Malika Chmani, qui représente les intérêts des enfants du couple, Louis et Elyah.
Silencieuse depuis vendredi, au début de l'interrogatoire récapitulatif de leur client, la défense s'exprimera jeudi. Verdict attendu vendredi.
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