Le Soudan frappé par la pire épidémie de choléra depuis des années, au moins 40 morts

Au moins 40 personnes sont mortes en une semaine au Darfour, dans l'ouest du Soudan, dans la pire épidémie de choléra que ce pays, en proie à la guerre civile, ait connue depuis des années, a annoncé jeudi Médecins sans Frontières.
Le Soudan, troisième plus grand pays d'Afrique, est devenu, depuis 2023, le territoire le plus durement frappé au monde par le choléra. Dans la seule région du Darfour, les équipes de MSF ont soigné "plus de 2.300 patients et enregistré 40 décès la semaine dernière en raison du choléra", a déclaré l'ONG.
"En plus d'une guerre généralisée, les Soudanais font actuellement face à la pire épidémie de choléra que le pays ait connue depuis des années", a souligné MSF.
Cette maladie diarrhéique, transmise par l'eau et la nourriture contaminées, peut tuer en quelques heures sans traitement.

Le choléra peut être soigné par une simple réhydratation orale, voire des antibiotiques, mais la guerre qui oppose depuis avril 2023 l'armée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) a mis à genoux le système de santé et rend ces traitements souvent inaccessibles.
Depuis juillet 2024, environ 100.000 cas ont été recensés au Soudan, selon l'Organisation mondiale de la santé. Plus de 2.408 décès ont été enregistrés dans 17 de ses 18 Etats depuis août 2024, selon l'Unicef.
L'OMS a enregistré dans le monde près de 4.000 décès depuis janvier 2025, dont plus de 95% en Afrique.
Selon l'Unicef, plus de 640.000 enfants de moins de cinq ans sont menacés par la maladie au Darfour-Nord, où les combats font rage autour d'El-Facher, la capitale provinciale, dont les FSR tentent de s'emparer.
Tawila, épicentre de l'épidémie
La situation est la plus critique à Tawila, où des centaines de milliers de Soudanais fuyant les combats ont trouvé refuge.

"A Tawila, les habitants survivent avec une moyenne de seulement trois litres d'eau par jour, soit moins de la moitié du seuil minimum d'urgence de 7,5 litres par personne et par jour nécessaire pour boire, cuisiner et assurer l'hygiène, selon les recommandations de l'OMS", a indiqué jeudi MSF.
Privés d'eau potable, de soins et d'hygiène, des centaines de milliers de Soudanais sont livrés à eux-mêmes. "Nous mélangeons du citron dans l'eau (...) et nous le buvons comme remède", confiait cette semaine à l'AFP Mona Ibrahim, une femme déplacée à Tawila. "Nous n'avons pas de toilettes, les enfants défèquent en plein air".
Selon l'ONU, environ 300 enfants atteints de choléra ont été recensés dans cette ville depuis avril.
"Dans les camps de déplacés, les familles n'ont souvent pas d'autre choix que de boire de l'eau contaminée", a déclaré Sylvain Penicaud, coordinateur de MSF à Tawila. "Il y a deux semaines, un corps a été trouvé dans un puits. Il a été enlevé mais deux jours après, les gens ont été obligés de boire à nouveau cette eau".
Pour beaucoup, maintenir une hygiène minimale relève de l'impossible. "Là où nous vivons, il y a beaucoup de mouches", racontait Haloum Ahmed, une femme déplacée à Tawila, affaiblie par une diarrhée sévère.
Pour Tuna Turkmen, chef de mission pour MSF au Soudan, "la situation est au-delà de l'urgence. L'épidémie se propage bien au-delà des camps de déplacés."

Dans le pays en guerre, l'acheminement de l'aide humanitaire est devenu presque impossible.
La saison des pluies, qui s'intensifie en août, pourrait aggraver la crise sanitaire.
A Damazin, la capitale de l'Etat du Nil Bleu, dans le sud-est du Soudan, MSF observe une combinaison mortelle de choléra et de malnutrition: "Entre le 3 et le 9 août, six patients atteints de choléra décédés souffraient également de malnutrition aiguë", selon MSF.
A El-Facher, au moins 63 personnes sont mortes de malnutrition en une semaine, a indiqué dimanche à l'AFP un responsable du ministère de la Santé. Près de 25 millions de personnes souffrent d'une insécurité alimentaire aiguë au Soudan, où la famine a déjà gagné plusieurs régions.
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