PEA : bientôt les atouts de l’assurance vie ?
Le premier de pile : levée des plafonds de versement
- Aujourd’hui limités à 150 000 € pour un PEA classique, 225 000 € pour un PEA‑PME, et 20 000 € pour un PEA Jeune.
- La suppression de ces plafonds rendrait le PEA illimité en versement, comme l’assurance vie, et attirerait les épargnants aisés.
Pourquoi une réforme du PEA ?
Le Plan d’Épargne en Actions (PEA) fait actuellement figure de parent pauvre dans le paysage de l’épargne en France. Au 30 septembre 2024, son encours atteignait seulement 116,89 milliards d’euros, soit à peine 1,8 % du patrimoine financier des ménages. Un chiffre modeste, surtout lorsqu’on le compare à l’assurance vie, qui capte à elle seule dix-sept fois plus de capitaux. Ce déséquilibre soulève une forme d’incohérence, puisque le PEA est pourtant spécifiquement conçu pour canaliser l’épargne des Français vers les actions françaises et européennes, donc vers l’économie réelle. C’est dans ce contexte qu’un collectif de députés a déposé, le 24 juin 2025, une proposition de loi (PPL) visant à renforcer l’attractivité du PEA.
Le besoin est pressant. La Banque de France évalue à 50 milliards d’euros par an le montant nécessaire pour soutenir les fonds propres des entreprises hexagonales. De son côté, le rapport Draghi, du nom de l’ancien président du Conseil italien, chiffre à 800 milliards d’euros annuels l’effort que l’Union européenne devra consentir pour rattraper les États-Unis et la Chine dans des secteurs stratégiques tels que l’intelligence artificielle, le numérique et la transition écologique.
Le premier levier proposé par la PPL concerne la suppression des plafonds de versement. Actuellement, un PEA classique est plafonné à 150 000 euros, un PEA-PME à 225 000 euros, et un PEA Jeune à 20 000 euros. Ces limites freinent l’investissement, notamment des épargnants fortunés qui se tournent massivement vers l’assurance vie, dont les versements ne sont pas plafonnés. En levant ces restrictions, le PEA redeviendrait compétitif et pourrait accueillir un volume de capitaux bien plus conséquent.
Dans le même esprit de simplification, le texte envisage une fusion des différentes formules de PEA en un seul et même produit. Cette réforme permettrait aux investisseurs de diversifier librement leurs placements dans tous types d’entreprises, qu’il s’agisse de grands groupes, de PME, d’ETI ou de start-up, tout en bénéficiant d’une interface claire et lisible. De plus, la proposition ouvre la voie à la possibilité d’ouvrir plusieurs PEA par personne, là où aujourd’hui une seule enveloppe est autorisée. Ce changement structurel permettrait de créer une véritable concurrence entre banques, courtiers et autres établissements financiers, à l’image de ce qui se fait déjà pour les contrats d’assurance vie.
Autre volet fondamental : la fiscalité successorale. À l’heure actuelle, le décès du titulaire entraîne automatiquement la clôture du PEA et l’intégration des capitaux dans la succession, avec les droits qui s’y appliquent. La réforme vise à rapprocher le régime du PEA de celui, beaucoup plus avantageux, de l’assurance vie. Elle prévoit notamment d’autoriser la désignation libre de bénéficiaires et d’introduire un abattement fiscal de 152 500 euros par bénéficiaire pour les versements effectués avant 70 ans, puis de 30 500 euros pour les versements postérieurs à cet âge.
Au-delà des aspects techniques, les bénéfices attendus de cette réforme sont nombreux. Elle renforcerait incontestablement l’intérêt du PEA, jusqu’ici jugé trop rigide ou limité. Elle permettrait aussi d’orienter davantage l’épargne privée vers les entreprises européennes, en particulier les petites et moyennes structures souvent sous-financées. Sur le plan patrimonial, elle offrirait de nouvelles solutions pour préparer sa succession dans des conditions fiscales favorables. Enfin, en simplifiant les règles d’ouverture et de fonctionnement, elle rendrait le produit plus accessible, plus lisible, et encouragerait une saine concurrence entre les acteurs du marché.