Votre navigateur (${ userBrowser.name + ' ' + userBrowser.version }) est obsolète. Pour améliorer la sécurité et la navigation sur notre site, prenez le temps de mettre à jour votre navigateur.      

Dans les Landes de Gasgogne, quand la pomme de terre cultive son environnement

| AFP | 209 | Aucun vote sur cette news
L'agriculteur Samuel Allix dans son champ de pommes de terre le 22 mai 2025 à Saint-Jean-d'Illac, en Gironde
L'agriculteur Samuel Allix dans son champ de pommes de terre le 22 mai 2025 à Saint-Jean-d'Illac, en Gironde ( Philippe LOPEZ / AFP )

Moins d'engrais, moins de pesticides: dans ses champs bordés de pins des Landes, Samuel Allix veut prendre soin de son environnement autant que de ses pommes de terre. Une petite révolution culturale.

"Il faut l'envie de faire mieux", résume l'agriculteur, debout dans une parcelle couverte de plants aux larges feuilles vertes qui donneront d'ici quelques semaines de savoureuses "primeurs" destinées aux marchés alentour.

Devenu le principal producteur de pommes de terre fraîches de Gironde, il récolte le tubercule, fruit de près de 40 ans d'efforts, réalisés au diapason du terroir et des avancées techniques.

La société Allix produit 15 variétés de pommes de terre, commercialise 10.000 tonnes par an sur plus de 260 hectares - dont l'essentiel chez des agriculteurs partenaires dans un rayon de 30 km - pour un chiffre d'affaires annuel moyen de 6 millions d'euros.

Une planteuse utilisée dans une exploitation de pommes de terre à Saint-Jean-d'Illac, en Gironde, le 22 mai 2025
Une planteuse utilisée dans une exploitation de pommes de terre à Saint-Jean-d'Illac, en Gironde, le 22 mai 2025 ( Philippe LOPEZ / AFP )

L'agriculteur de 58 ans égrène une poignée de sable noir: on est loin des grandes terres de production des Hauts-de-France. "Ici, on a des terres sableuses, faciles à travailler mais qui ne retiennent pas l'eau", décrit-il.

"Alors on s'adapte: on a investi dans une planteuse, une machine haut de gamme de 100.000 euros, avec en plus une option engrais: en même temps qu'on plante, on place l'engrais (sous forme de granulés) à 3 centimètres sous la pomme de terre", explique-t-il.

Cela permet d'éviter qu'un gros orage, en lessivant la terre, emporte les fertilisants à peine épandus: cette efficacité a conduit à "réduire de 25% l'usage des engrais".

"Herse étrille"

Au bord du champ, à peine visibles en cette fin mai, de minuscules pousses de plantes mellifères sortent de terre: "Cela donnera des bandes fleuries et quand il fera sec, de quoi nourrir les abeilles noires qui vivent dans la forêt" voisine.

Des plants de pommes de terre dans une exploitation à Saint-Jean-d'Illac, en Gironde, le 22 mai 2025
Des plants de pommes de terre dans une exploitation à Saint-Jean-d'Illac, en Gironde, le 22 mai 2025 ( Philippe LOPEZ / AFP )

C'est en réalité tout le système cultural qui a évolué: Samuel Allix privilégie les rotations longues de cultures - il attend six ans avant de refaire de la pomme de terre sur une parcelle - pour "casser le cycle des ravageurs", et ses champs sont toujours couverts - alternant cultures, plantes mellifères ou fixatrices d'azotes.

Il ne laisse aucun déchet au champ, où des résidus de cultures pourraient se transformer en réservoir de parasites. "2.000 tonnes de déchets de pomme de terre vont en méthaniseur pour produire du biogaz et du digestat - un résidu formant un engrais naturel - qui est retourné aux cultures."

Vingt des 260 hectares travaillés sont en agriculture biologique: "Cela nous a appris à revenir au désherbage mécanique", explique-t-il, désignant une grosse machine équipée d'une "herse étrille", une sorte de gros râteau dont les dents, en vibrant, déracinent les mauvaises herbes.

"En 2024, on a généralisé le désherbage mécanique, pratiqué dans 80% des cultures. L'objectif, c'est 100% en 2025", dit-il.

Une
Une "herse étrille", une sorte de gros râteau dont les dents, en vibrant, déracinent les mauvaises herbes, dans un champ de pommes de terre à Saint-Jean-d'Illac, en Gironde, le 22 mai 2025 ( Philippe LOPEZ / AFP )

"C'est possible dans un sol sableux, mais pas partout", reconnaît-il. Et si se passer des herbicides est à sa portée, ce sera plus difficile pour les fongicides.

Fin des "produits magiques"

Première culture vivrière au monde, la pomme de terre est fragile, soumise à un vaste cortège de parasites, dont le plus terrible est le mildiou qui peut "ravager un champ en cinq jours". Cette menace en a fait la culture la plus traitée aux pesticides derrière la vigne et la pomme.

Samuel Allix est tout de même passé "de 15 traitements en début de carrière à 8 aujourd'hui", quand la moyenne nationale est encore à 14,8.

Pour ce faire, il a à la fois investi dans du matériel de haute précision - une machine à épandre, des sondes météo pour intervenir au bon moment - et utilise des produits de biocontrôle pour éviter ou retarder l'usage de pesticides de synthèse.

"Avec la chimie, on a eu des produits magiques à un moment, puis le mildiou est devenu résistant. Le biocontrôle coûte plus cher mais il y a peu chances que le champignon développe une résistance", estime-t-il.

Avec ses agriculteurs associés, il teste sans cesse de nouvelles variétés et travaille pour baisser sa consommation d'eau et d'énergie.

"On a besoin que le grand public entende qu'on n'est pas sourds aux demandes de la société", insiste-t-il. Mais on ne peut "pas tout faire d'un coup".

 ■

Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.

Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.

Votez pour cet article
0 avis
Note moyenne : 0
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
SUR LE MÊME SUJET
Publié le 05/06/2025

Justine O'Brien, responsable des sciences de la conservation à la Taronga Conservation Society Australia examine des échantillons de gamètes de corail stockés dans un réservoir cryogénique…

À LIRE AUSSI SUR BOURSE DIRECT
Publié le 05/06/2025

La Bourse de New York a clôturé en ordre dispersé mercredi, fragilisée par la publication d’un indicateur de l’emploi privé nettement inférieur aux attentes, même si les investisseurs…

Publié le 05/06/2025

Ce matin, Tokyo perd 0,53%, Shanghai prend 0,06% et Hong Kong 0,48%

Publié le 06/06/2025

Les marchés actions américains ont clôturé en repli sur fond de tensions exacerbées entre Donald Trump et Elon Musk qui ont fait plonger Tesla. La séance a également été rythmée par…